POURQUOI FAIRE CARÊME CETTE ANNÉE?
Pourquoi vivre le Carême cette année? Depuis des mois et presqu'une année, nous avons vécu une forme de carême, et spécialement le jeûne. En effet, la pandémie et ses restrictions nous ont obligés à jeûner: jeûne de relations, de sorties, de voyages, de rencontres familiales ou avec des amis, jeûne de divertissements, jeûne d'eucharisties et de la communion, etc. Pourquoi entreprendre cette période de quarante jours de pénitence alors que nous avons été en quarantaine pendant si longtemps? Ne serait-ce pas le temps de sortir de l'isolement, d'avoir des occasions de réjouissances et d'aller à la rencontre de l'autre pour lui donner à nouveau l'accolade de la tendresse et de l'amour! Même si tout cela est vrai, le Carème demeure essentiel, même après un temps de privation qui ont comme "paralysé" notre élan vital.
Le Carême, qui n'est pas seulement un temps de jeûne et de pénitence, nous offre la possibilité d'un renouvellement dans la foi, l'espérance et l'amour. Ce temps de conversion et du renouveau de notre regard est un itinéraire vers Pâques qui nous invite à marcher à la suite du Christ avec plus d'audace et de résolution. Déjà sous les projecteurs de la lumière de Pâques, le Carême vient éclairer nos choix, nos sentiments et nos attitudes, afin que notre vie soit davantage transfigurée et inondée de la lumière du Christ. Par le jeûne comme expérience de manque, je suis appelé, encore en 2021, à redécouvrir le don de Dieu, à reconnaître ma pauvreté et mon besoin de Dieu pour acceuillir Son amour et pour le partager aux autres, spécialement à ceux et celles qui sont privés d'amour et de bonheur ou qui attendent de nous une parole et un geste de consolation. Je me dépouille de ce qui m'encombre et me retient captif, de ce qui m'empêche de partager avec qui est dans le besoin. Par la prière, je m'ouvre à la grandeur de Dieu Amour et à sa vérité en moi, pour vérifier l'authenticité de ma foi, de mon espérance et de ma charité. Par la prière, je fais le plein de confiance: confiance en Dieu, en Sa Parole, en l'autre, en l'avenir. Dans le contexte d'incertitude et d'inquiétude créé par la pandémie, la prière apporte la force de continuer à marcher sur la route et d'entrevoir un horizon illuminé du soleil de Dieu et traversé de l'arc-en-ciel de l'alliance avec Dieu, avec l'autre, avec la création. Il y a de l'avenir et Dieu, en Jésus, continue de nous accompagner sur le chemin de la réconciliation avec lui, avec soi, avec nos frères et soeurs et avec notre mère la Terre que nous avons maltraitée par notre recherche effrénée de consommation. Pour vivre cette quadruple réconciliation, dans sa sagesse, l'Église nous offre le sacrement du pardon et de la paix.
Durant le Carême, beaucoup recevront le vaccin contre la Covid-19, vaccin qui apportera protection et diminution de la propagation. Même si la comparaison est "boiteuse", le Carême est aussi un temps pour recevoir le "vaccin" de l'amour, de la vie et de la charité de Dieu. Il nous est offert pour nous protéger de l'égoïsme, de L'autosuffisance et de l'apathie dans la lutte contre l'injustice et la misère. Il nous est proposé pour recevoir l'Eau vive et cette Esprit que Jésus nous offre en abondance dans le mystère pascal. En effet, l'Esprit nous fait boire à l'amour jailli du coeur du Père pour qu'ensuite nous le communiquions à nos frères et soeurs, spécialement à ceux et celles qui vivent dans la pauvreté et la précarité. C'est le sens et le but de l'aumône.
La pandémie a créé des conditions douloureuses de solitude, d'angoisse, de souffrance, de dénuement. Nous n'avons pas fini de subir les conséquences et les effets néfastes de cette crise. Si nous sommes appelés à discerner la présence du Christ dans nos vies et dans notre monde, nous avons aussi à être signes de cette Présence par un don, un partage et une solidarité renouvelés et accrus. Et cela doit s'exercer non seulement envers les membres de nos familles ou de notre pays durement touchés par la crise, mais aussi envers nos frères et soeurs du monde, spécialement ceux de Syrie, du Liban, d'Arménie, d'Afrique, d'Amérique du Sud, pour ne citer que ceux-ci. Le pape François nous offre un moyen simple et efficace pour vivre cette solidarité universelle qui dépasse le cercle familiale ou celui de notre pays. Il s'agit de voir l'autre dans le besoin, l'autre vivant au loin ou perçu comme un étranger, il s'agit donc de le voir comme un membre de sa famille, comme un ami, comme un frère ou une soeur. C'est ainsi que la proximité, si chère au pape François, sera vécue dans toute sa vérité et sa force. C'est avec cette esprit que nous sommes invités à vivre le Carême de partage en soutenant généreusement les organismes d'entraide internationale dont Développement et Paix.
Encore cette année, je m'engage à vivre le Carême et à suivre cet itinéraire de conversion et de renouveau avec le Christ et en Église qui m'assurent de leur présence et de leur accompagnement dans cette Montée vers la vie, la joie et la lumière de Pâques. Bon Carême!